Astuces pour les parents ayant des enfants plus âgés à la maison
Bien qu’avoir des adolescents confinés à la maison pendant la pandémie demande moins de travail qu’être coincé avec des enfants en bas âge, ce n’est pas de tout repos non plus. Là où les enfants en bas âge sont ravis à l’idée d’avoir en permanence l’attention des parents, il est fort probable que ce ne soit pas le cas avec les adolescents. Voici donc quelques astuces pour éduquer les adolescents (et les jeunes adultes de l’université soudainement de retour à la maison) pendant cette période.
Insister sur l’éloignement physique
Le premier défi à relever est d’amener les adolescents et jeunes adultes à respecter les lignes directrices en matière d’éloignement physique. Comme le fait remarquer Dr. David Anderson, Ph.D., psychologue clinicien au Child Mind Institute, les adolescents ont tendance à se croire invincibles et à penser que le nouveau coronavirus ne présente pas autant de risque pour leur tranche d’âge que celle des personnes plus âgées. Les parents font état d’une vive contestation de la part des adolescents lorsqu’on leur explique qu’ils ne peuvent pas sortir et rencontrer leurs amis. « Ils veulent être avec leurs amis et ne voient pas en quoi l’éloignement physique les concerne » précise-t-il.
Les parents se demandent comment leur répondre, ce à quoi Dr. Anderson dit : “Notre réponse est que l’exposition à ce virus a un effet exponentiel et qu’il n’y a pas qu’eux qui comptent dans cette situation » déclare le Dr. Anderson. « Ce n’est pas vraiment le fait qu’ils se sentent bien. C’est le fait qu’ils puissent être porteur du virus sans ressentir le moindre symptôme et qu’ils puissent donc tuer d’autres personnes, y compris leurs grands-parents. » Dr. Anderson ajoute qu’il est important d’insister sur un point : « Vous ne pouvez pas savoir si vos amis sont porteurs ou non. Et même si prendre ce risque ne vous dérange pas, vous ramenez cela à la maison. »
Il est aussi important d’aider vos adolescents à comprendre que personne pour le moment ne sait vraiment comment le coronavirus affecte les personnes selon leur tranche d’âge. Contracter le virus peut s’avérer être très dangereux pour votre enfant même si toute la lumière n’a pas encore été faite.
Comprendre leur frustration par rapport au fait de ne pas voir leurs amis
Que ce soit pour les adolescents ou les jeunes adultes, les amis sont très importants et c’est exactement leur rôle - établir des liens étroits avec les pairs est l’une des tâches développementales essentielles des adolescents. Si votre enfant fait la tête parce qu’il doit rester à la maison avec ses parents ainsi que ses frères et sœurs, en discuter de vive voix peut être utile, explique Rachel Busman, D.Psy., psychologue clinicienne au Child Mind Institute.
Exprimez le fait que vous comprenez leur frustration de ne pas pouvoir être avec leurs amis. Ecoutez-les exprimer ce qu’ils ressentent, reconnaissez ces sentiments et adopter ensuite une approche directe pour trouver ensemble une façon de rendre cette situation plus vivable. Assouplir les règles quant au temps passé sur les réseaux sociaux est un exemple de ce qui peut être fait pour compenser la perte de temps avec les amis liée à la fermeture des écoles. Encouragez-les à trouver de nouvelles façons d’interagir socialement avec leurs amis.
Soutenir l’enseignement à distance
Les parents font état d’un sentiment d’obligation et de confusion par rapport à la manière d’aider leurs enfants dans le cadre de l’apprentissage à distance. Selon le Dr. Anderson, pour les enfants plus jeunes, c’est plus une question de réussir à trouver des activités divertissantes qui soient pédagogiques. Pour les enfants plus âgés, répondre aux attentes scolaires peut s’avérer plus complexe, particulièrement pour les enfants atteints de troubles liés à l’attention (THADA), à l’apprentissage ou l’organisation.
« Je suis complètement dépassée par le fait d’essayer de comprendre comment structurer une journée d’école » nous a expliqué une mère. « Je n’ai jamais eu l’intention d’éduquer mes enfants à la maison. Je ne suis pas formée pour cela. »
Vous pouvez aider les adolescents ainsi que les étudiants universitaires de retour à la maison, à créer un programme réaliste pour effectuer le travail nécessaire à des moments spécifiques, en incluant des pauses et moments pour socialiser, faire de l’activité physique et se divertir. Le principe fondamental pour que cela fonctionne : effectuer en premier une séance de travail, puis se faire plaisir en faisant quelque chose de relaxant. Il ne faut pas oublier que cette méthode ne sera pas aussi efficace que l’école mais elle le sera de plus en plus au fil du temps étant donné que tout le monde, que ce soit à l’école ou à la maison, cherche à améliorer l’apprentissage à distance.
Encourager les habitudes saines
Les adolescents ainsi que les jeunes adultes arriveront mieux à gérer cette période stressante si ils dorment suffisamment, mangent sainement et font régulièrement de l’exercice. Garder un rythme de sommeil régulier, en se réveillant et en se couchant aux mêmes heures, joue un rôle essentiel aussi bien dans le maintien d’une attitude positive que dans la capacité à répondre aux attentes académiques.
Quelques idées pour rester actif :
- Se promener à pied ou à vélo en famille.
- Encourager les enfants à suivre des cours. Des cours de Yoga, Pilates et Zumba sont offerts en ligne, préenregistrés ou en groupe, pour tous les niveaux, du débutant au confirmé.
- Essayer la course à pied. Beaucoup de personnes qui n’aiment pas les cours de conditionnement physique apprécient la course à pied qui peut être une activité apaisante leur permettant d’être au contact de la nature. Pour les adolescents ayant besoin d’être motivés, il existe des groupes et programmes de course à pied en ligne comme « Couch to 5K » pour qu’ils s’habituent petit à petit.
- Aider les enfants à continuer à faire du sport. S’assurer qu’ils aient un temps bien défini pour jouer dans l’arrière-cour. Votre enfant peut profiter de cette période sans compétitions pour développer de nouvelles compétences, essayer d’occuper un autre poste ou se concentrer sur l’endurance, la force ou la souplesse.
Adopter des habitudes saines est particulièrement important pour les enfants souffrant d’anxiété ou de dépression. La perte des habitudes sur lesquelles vous dépendiez peut représenter une source significative de stress. C’est pourquoi Jill Emanuele, Ph.D., psychologue clinicienne au Child Mind Institute, conseille d’établir de nouvelles routines. « Assurez-vous de bien manger, dormir, être social et participer à des activités divertissantes » tout en recommandant que les jeunes adultes ne dorment pas trop non plus lorsqu’ils sont confinés à la maison. « Il est plus facile de dormir à la maison et bien que le repos soit important il faut rester actif ».
Dr. Emanuele mentionne aussi le fait qu’être entouré plus souvent de ses proches peut être bouleversant ou créer des tensions. « Les familles doivent désamorcer les tensions à la maison en présence des parents, frères et sœurs, parce que tout le monde ressent plus de stress ». « La façon d’y parvenir diffère d’une famille à l’autre mais les parents doivent réfléchir à quel moment plus de liberté aux jeunes tout en s’assurant que le temps dont dispose leurs enfants demeure structuré. Tout le monde devrait participer d’une façon ou d’une autre. »
Reconnaître leur déception
Pour bon nombre d’entre eux, le plus dur de cette pandémie réside dans le fait de passer à côté de certaines expériences importantes qu’ils auraient normalement vécu : saison sportive au secondaire, bal des finissants, pièces de théâtre, remise des diplômes, etc. Et bien que nous soyons tous confrontés au fait de passer à côté d’activités qui nous sont chères, le Dr. Anderson explique qu’être aussi limités dans nos actions « est encore plus problématique pour les adolescents dont le cerveau est en quête de nouveauté et de plaisir, voulant repousser les frontières. »
Donnez-leur l’espace pour exprimer leurs sentiments et écoutez-les sans les juger (ou sans les rassurer que tout ira bien).
Certains adolescents seront inquiets d’avoir loupé des activités sur lesquelles ils comptaient pour monter un dossier d’inscription à l’université solide ou pour bénéficier d’une bourse d’étude. Les jeunes se demandent naturellement l’incidence que cela aura sur leur avenir. Encore une fois, donnez-leur la chance d’exprimer ce qu’ils ressentent et reconnaissez le véritable stress auquel ils peuvent être soumis. Montrez ensuite à votre enfant que vous avez confiance en sa capacité à s’en sortir.
Les aider à pratiquer la pleine conscience
Il existe des techniques de pleine conscience qui, dans ce genre de situation où nos habitudes sont bousculées et que la frustration ainsi que la déception nous submergent, peuvent s’avérer très utiles. La pleine conscience nous apprend à écouter à tout moment nos émotions et à les ressentir sans jugement.
Au travers de ce qu’on appelle « l’acceptation radicale », on accueille nos émotions plutôt que de les rejeter. Comme l’explique Joanna Stern, D.Psy., psychologue clinicienne au Child Mind Institute “Vous vous dîtes que c’est normal d’être anxieux à ce moment précis. C’est normal d’avoir peur. C’est normal d’être en colère. Vous acceptez et reconnaissez les sentiments que vous ressentez parce que nous les ressentons tous. Il est essentiel de les accepter tels quels et non pas de les combattre. »
En d’autres termes, comme l’explique Dr. Stern, « On se dit : C’est nul, ça va me rendre triste, anxieux, m’énerver » par exemple. Ceci nous permet ensuite de passer à autre chose et de se dire « Ok, qu’est-ce qu’il faut faire à présent? »